Un pas attendu vers la paix
La déclaration oblige Kinshasa et Kigali à :
- respecter la souveraineté de chaque État,
- cesser tout appui aux groupes armés,
- préparer d’ici le 2 mai un avant-projet d’accord de paix,
- faciliter le retour de plus de 7 millions de déplacés,
- rouvrir les axes de coopération économique essentiels.
Pour la ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, ce texte « verrouille l’impunité » et fixe « un calendrier clair » — une première depuis des années de pourparlers éclatés.
Ce que la déclaration change dans les quartiers
Dans les marchés de la capitale, on espère des résultats concrets :
- Sécurité : fin des barrages nocturnes improvisés et retour des bus sur la RN2.
- Économie : reprise des convois de maïs et de poisson salé vers Goma, qui faisait flamber les prix.
- Éducation : réouverture annoncée de vingt écoles occupées par les déplacés autour de Sake.
« Que les gamins retrouvent leurs classes, et on saura que ça bouge pour de vrai », souffle Maman Adèle, vendeuse de foufou à Matete.
Trump dévoile ses cartes économiques
Quarante-huit heures plus tôt, depuis Washington, Donald Trump avait déjà revendiqué « un rôle personnel » dans la percée diplomatique. Dans la même déclaration, il a annoncé 6 milliards de dollars pour accélérer le chantier du corridor de Lobito, la ligne ferroviaire Angola-Zambie-RDC destinée à doper l’exportation de minerais stratégiques vers les ports atlantiques
Les promesses américaines portent sur :
- la modernisation du tronçon Kolwezi–Dilolo,
- des entrepôts sécurisés pour le cobalt et le cuivre,
- un fonds d’assistance technique pour les PME minières congolaises.
Des questions dans les rues de Kinshasa
Tout le monde n’applaudit pas. Quelques voix redoutent que la paix devienne « conditionnelle » à des avantages miniers :
- Syndicats miniers : « Pas question de répéter les vieilles concessions à vil prix ».
- Collectifs de femmes de l’Est : « Sécurité d’abord, business après ».
- Jeunes taximen : « Si les routes sont enfin sûres, on pourra rouler de Bukavu à Kisangani sans craindre les embuscades ».
Le politologue Crispin Mundele rappelle que le texte prévoit l’accompagnement de la SADC, de l’Union africaine et des Églises locales, « un garde-fou pour éviter une solution imposée depuis l’extérieur ».
Et maintenant ?
D’ici jeudi, des techniciens congolais et rwandais doivent remettre un premier brouillon d’accord ; Washington en assurera la médiation, tandis que Massad Boulos, conseiller Afrique de Trump, coordonnera la partie économique. Les habitants, eux, retiennent surtout deux dates :
- 2 mai : délai pour l’avant-projet de paix.
- Juin : début annoncé des travaux sur la gare de Dilolo, porte d’entrée du corridor.
« Si on voit les engins arriver et les armes se taire, alors on croira que les discours de Washington descendent enfin jusqu’à nos ruelles », lance Papa Jacques, menuisier à Ndjili.
Au loin, la sirène du trafic sur le boulevard du 30 Juin couvre les dernières questions des journalistes. Tshisekedi remonte dans sa voiture ; le cortège s’éloigne. Dans la poussière soulevée, un jeune vendeur réajuste sa casquette : « Que les grandes signatures tiennent parole, moko boye tokobeta maboko* ».
(*litt. « Là, on applaudira pour de bon ».)
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