Un accent sur le dialogue national
D’emblée, Maxime Prévot a martelé un message simple : « Il est temps de nourrir un dialogue national inclusif à l’intérieur même de la République démocratique du Congo ». Il a insisté pour que toutes les sensibilités politiques puissent s’exprimer sans peur. À ses yeux, le cessez-le-feu soutenu par plusieurs partenaires ne sera solide que si les voix locales sont entendues, « de Goma à Matadi, de Beni à Mbandaka ». Le public a salué ces paroles, espérant que ce ne soit pas une promesse de plus.
Ce que le ministre a posé sur la table
- Soutien sans rôle de médiateur : Bruxelles encourage les pourparlers mais ne se substituera pas aux acteurs régionaux.
- Suivi étroit et calendrier rapide : des avancées visibles sont attendues “dans les jours ou semaines à venir”.
- Pression européenne ciblée : maintien de sanctions contre ceux qui alimentent l’insécurité dans l’Est de la RDC.
- Sécurité des affaires : garantir un cadre stable pour les entreprises, surtout dans l’agro-industrie et la logistique.
Rencontre au Palais de la Nation
Quelques heures avant la conférence de presse, Maxime Prévot avait rencontré le président Félix Tshisekedi au Palais de la Nation. Les deux hommes ont passé en revue trois dossiers majeurs : la déclaration de principes signée avec le Rwanda, le suivi du cessez-le-feu dans le Nord-Kivu et la coordination entre les organisations régionales. Le ministre belge a rappelé qu’un partenariat équilibré avec Kinshasa reste « une priorité historique ».
Ce que ça change pour les familles de l’Est
Dans les couloirs de l’université de Goma, Jocelyne, étudiante en économie, résume l’espoir de nombreux jeunes : « Si le dialogue avance, on pourra peut-être finir nos cours sans craindre de nouvelles attaques. » Les habitants comptent sur :
- Moins de déplacements forcés, donc plus de temps pour cultiver leurs champs.
- Routes plus sûres pour la marchandise et les taxis-motos.
- Services de base (eau, électricité) plus accessibles quand les travaux ne sont plus stoppés par les combats.
L’écho dans les quartiers de Kinshasa
Sur l’avenue Kabambare, les mamans du marché observent la nouvelle avec un mélange d’espoir et de prudence. « Nous, on veut du résultat, pas seulement des belles phrases », lance Mama Alphonsine en réorganisant ses régimes de bananes plantain. Pourtant, l’annonce d’un appui européen concret rassure : la hausse du prix du haricot liée aux blocages routiers pourrait enfin se calmer si la paix tient. Pour les commerçants, stabiliser le corridor routier entre Kisangani et Goma signifierait moins de pertes et des étals mieux garnis.
Les attentes des autorités locales
Les gouverneurs des provinces de l’Est réclament désormais :
- Un calendrier précis pour la mise en œuvre des mesures de sécurité ;
- Des fonds dédiés à la reconstruction des écoles et des centres de santé détruits ;
- Une participation communautaire à chaque étape, afin que personne ne se sente exclu.
Une tournée régionale en 48 heures
Avant Kinshasa, Maxime Prévot est passé par Kampala et Bujumbura pour discuter avec ses homologues d’Ouganda et du Burundi. Objectif : associer les voisins aux efforts de stabilisation et partager des renseignements sur les mouvements de groupes armés le long des frontières. Sur la table figurait aussi la sécurisation du couloir routier Kasindi–Mpondwe, essentiel pour le commerce transfrontalier.
Ce que disent les chiffres
- 28 avril 2025 : date de la conférence à Kinshasa.
- Plus de 6 millions de déplacés internes recensés dans l’Est, rappelant l’urgence humanitaire.
- 700 millions de dollars : valeur des investissements belges actifs en RDC, concentrés dans l’énergie et la logistique.
- 40 % de baisse possible du coût du transport de marchandises si la route Goma–Bukavu reste ouverte trois mois sans interruption, selon les transporteurs locaux.
Une voix locale, pas un sermon venu d’ailleurs
En clôturant la soirée, le ministre a glissé une expression en lingala : « Tokoki te kolala soki bana ya Kivu bazali na nsé ya mpanza. » (On ne peut pas dormir tant que les enfants du Kivu dorment sous la menace.) Le public a réagi par un murmure approbateur — signe que, cette fois, le langage diplomatique tente de coller aux réalités du terrain.
Sur le trottoir, un conducteur de taxi-bus conclut en souriant : « S’il revient bientôt et que la route de Goma est enfin tranquille, on dira qu’il n’est pas venu pour rien. »
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